Quand maman compte pour deux !
Je ne vis pas avec le père de mes enfants.
Du coup j'ai les enfants la majorité du temps.
C'est une drôle de vie que l'on décide de mener parfois.
C'est le cas de beaucoup de mamans et de papas.
Je raconterais mon histoire sans doute plus tard en attendant je laisse la parole à Marine qui nous fait part de son expérience.
Bonne lecture !
Soyons Lumineuses !
Maman à mi-temps
J’ai envie de vous parler de la garde alternée. Séparée, avec deux enfants, c’est le mode de garde que nous avons choisi. Celui qui paraissait le mieux correspondre à nos enfants, mais à nous aussi en tant que parents. Une semaine chez papa, une semaine chez maman. Deux parents, deux maisons, deux chats. Je suis donc « maman à mi-temps » depuis bientôt trois ans. Les questions que l’on m’a le plus posé c’est « ce n’est pas trop dur ? » et « les enfants le vivent bien ? ».
J’aimerais que l’on m’explique d’abord comment des enfants peuvent bien vivre la séparation de leurs parents ? C’est une question… comment dire… je n’ai pas de mots en fait ! Alors je vous donne la réponse que je donne systématiquement : « Ils le vivent le mieux possible ». Ce qui est le cas.
Car je ne pense pas que des enfants qui voient si jeunes que l’amour n’est pas éternel puissent le vivre bien. Alors qu’on leur rappelle à coup de princesses Disney que le grand amour ça existe, ça dure toute la vie et longtemps après… Et que d’un coup ceux qu’ils croyaient durer toujours se séparent… C’est se confronter à la réalité très jeune.
Alors oui ils le vivent le mieux possible, avec des hauts et des bas… étant de temps à autre triste, en colère… ou alors utilisant la situation pour avoir ce qu’ils désirent ! Parce que les enfants ont cette fabuleuse capacité qui est l’adaptation ! Et ils savent tirer parti d’une situation. Même lorsqu’il s’agit de leurs parents qui se séparent. Tout ceci est ma propre expérience, non un cas général.
Ils profitent de deux éducations, en étant protégés des heurts et des disputes, à conditions que chaque parent arrive à discuter sans la présence des enfants, ce qui n’est pas toujours possible.
Mon expérience c’est qu’après un an et demi/deux ans de désaccords, d’ajustement, nous arrivons aujourd’hui à nous accorder sur les choses principales : l’école, les activités périscolaires et acceptons autant que possible le mode de vie de l’autre.
Mais voilà, mes enfants le vivent simplement du mieux possible, avec des hauts et des bas…
Quant-à-moi, est-ce que ce n’est pas trop dur la garde alternée ?
Eh bien NON ! C’est le mode de garde qui me convient parfaitement. Cela ne veut pas dire que je n’aime pas mes enfants. Cela veut simplement dire que j’apprécie le fait de les avoir pendant une semaine puis que ce soit leur père qui les ait pendant une semaine. Car pendant cette semaine je peux être moi à 110% sans contrainte d’horaire. Je peux faire la grasse mat’ (si le chat me la laisse faire), je peux manger quand je veux, je peux travailler autant que je veux, passer des heures sans être dérangée, me vautrer devant la tv, remettre le linge, le ménage à plus tard… Être une femme et non pas seulement une mère. Être une entrepreuneure qui se consacre à son travail... Me lancer dans du bénévolat...Et j'ai l'entière liberté de moduler tout cela selon que j'ai mes enfants avec moi ou non!
Cela ne veut pas pour autant dire que pendant une semaine j’arrête d’être maman. Car non, je ne suis pas maman à mi-temps. Je suis maman à temps plein. Car même s’ils ne sont pas avec moi et que j’ai plus de temps pour tous mes projets qu’avec une garde classique (y compris le projet « MOI »). Je pense à eux, à leurs besoins, je prévois les week-end, les vacances, les inscriptions à droite et à gauche pour le centre-aéré, les activités, etc… Je m'occupe d'eux autrement, pouvant gérer le côté manutention quand ils ne sont pas là et le mettre de côté quand ils sont présents pour pouvoir m'occuper d'eux.
Définitivement non je ne suis pas maman à mi-temps… Et je vis très bien la garde alternée. Cela ne doit absolument pas me culpabiliser comme est censé le faire cette question. Car non le fait d’être mère ne doit pas imposer d’être à tout prix tout le temps avec ses enfants. On est peut-être mère, on a aussi le droit d’être une femme, de s’occuper de soi, de se reposer, d’être tout simplement soi… Ce que je n’arrivais pas à faire avant d’être en garde alternée. Je sais que mes enfants vont bien quand ils sont chez leur père, qu’ils sont heureux et c’est l’essentiel. Je n’ai plus besoin d’être là à tout contrôler.
Je parlais avec une cliente qui ne veut pas d’enfant. Nous avons toutes deux le même ressenti : l’extérieur essaie de nous culpabiliser de cette situation que nous avons choisi. Apparemment dans notre société nous n’avons d’autre choix en étant femme que d’être mère. En prime une mère parfaite (impossible) qui applique la parentalité positive (malgré une énorme culpabilité à ce sujet, j’aimerais l’appliquer, mais n’y arrive pas la plupart du temps).
Donc dans notre société, le choix de ne pas être mère ou d’être mère en garde alternée est jugé. Car oui quand j’assume de bien vivre la garde alternée on me juge. Je ressens ce jugement du plus profond de mon être, dans le souffle de l’autre, dans son regard. J’ai l’impression que son langage corporel me hurle « Mais tu n’aimes pas tes enfants ?!? ». Et bien si je les aimes ! Moi aussi je m’aime ! Je n’ai malheureusement pas trouvé de place pour Moi dans la vie de couple et dans la vie de mère en continu.
Et puis le jugement qui compte le plus n'est-il pas celui de mes propres enfants qui me répètent tous les jours combien ils me trouvent être "la meilleure maman du monde"?
Texte Marine Jacquemin
Crédit photo @efe Eye for Ebony
